L’Église Notre-Dame d’Échiré

Une église romane du XIIe siècle sur un ancien lieu de culte

La profusion de sarcophages du Haut Moyen Âge montre une occupation continue du site d’Echiré. En effet, en 1860, la construction de la mairie en met à jour. Puis, les fondations du bureau de Poste prennent appui sur un sacellum entièrement recouvert de sarcophages tandis que les fouilles autour de l’église en 1996 révèlent une nécropole. L’église médiévale elle-même construite sur une légère éminence et à proximité d’une source, s’implante sur un bâtiment mérovingien qui réutilise des pans de murs d’un édifice antique, précise Marie-Pierre Niguès, architecte du Patrimoine, qui a travaillé sur l’étude préalable à la restauration de l’église. Paradoxalement, c’est dans les territoires les plus empreints du sceau de la romanité que se construisent dès le Haut Moyen Âge les nouveaux monuments religieux. Souvent d’ailleurs le bâtiment neuf recycle les anciens lieux de culte comme pour s’approprier la dévotion dont ils faisaient l’objet et en effacer la dimension païenne.

Un premier édifice funéraire est donc construit par les mérovingiens. Peu avant l’an Mil, une église aux dimensions modestes est édifiée incluant les restes du bâtiment antérieur. L’église primitive d’Echiré est presque totalement détruite par un incendie quelques décennies après son édification. Elle est alors reconstruite plus vaste, plus spacieuse, répondant ainsi aux besoins d’un bourg désormais prospère. Le nouveau bâtiment religieux est en forme de croix latine. Il se compose d’une nef à trois travées, scandée de contreforts plats dans la pure tradition romane. Comme en témoignent quelques traces assez tenues sur ses parements intérieurs actuels, l’ensemble des murs de l’église était peint. En effet, les murs des églises au Moyen Âge étaient entièrement peints à l’intérieur comme à l’extérieur du bâtiment de couleurs les plus vives : ocre, jaune, blanc, rouge, vert.

Source : Eglise Notre-Dame d’Echiré de nuit. Collection Mairie d’Echiré.

La construction de l’église Notre-Dame d’Echiré remonte au XIe siècle ou au XIIe siècle pour la nef. Le XIIe siècle est une période d’intenses constructions dans tout le territoire français car, dès le XIe siècle, la France entre dans une période économiquement et culturellement faste (radoucissement climatique, fin des famines et des épidémies, défrichages créant de nouvelles terres arables, assèchement des marais, amélioration de la production vivrière et des techniques agricoles, essor de l’artisanat et des villes). Pour faire face à la demande des matières premières, les carriers mettent au point un système de pré-taille. Auparavant, les gros blocs d’extraction étaient acheminés sur les chantiers pour y être équarris. Cette méthode, lente, lourde et coûteuse n’est plus appropriée à la demande pressante des nombreux bâtisseurs du XIIe siècle. Aussi élaborent-ils le principe de la pré-taille : les gros blocs d’extraction sont désormais débités en carrière et acheminés vers les chantiers en petits éléments d’un pied de longueur, plus légers, plus maniables et prêts à la pose.

 

Un remaniement au XVe siècle

L’église d’Echiré a été fortement remaniée au XVe siècle notamment pour le chœur. Le XVe siècle correspond à une période de stabilisation politique générale qui se traduit par une nouvelle effervescence constructive (Anglais repoussés du royaume, paix avec la Bourgogne, abolissement du pouvoir féodal, centralisation du pouvoir politique et militaire autour du roi Charles VII). La diffusion des formes gothiques que la peste et la Guerre de Cent ans avaient interrompu, reprend de plus belle.

Du XVe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle, l’église paroissiale ne semble pas avoir subi de modifications majeures si ce n’est l’actuel clocher qui date du XIXe siècle. Elle sera consacrée par le cardinal Louis-Édouard Pie, évêque de Poitiers, le 26 août 1879.

1) Partie la plus ancienne. Lors des travaux, des restes d’un édifice mérovingien datant du VIIe siècle ainsi que ceux de sépultures, ont été découverts.
(2) Construction d’une église romane du XIIe siècle (nef, transept et clocher). Le clocher a été consolidé au XIXe siècle.
(3) Emplacement du chœur style roman supprimé ensuite.
(4) Elargissement du chœur au XVe siècle, style gothique. Les deux piliers en granit sont du XIXe siècle.
(5) De 1860 à 1879 : construction de la sacristie ainsi que de gros travaux de restauration de la nef.
(6) Fenêtres avec colonnettes, chapiteaux et roues.
Source : Plan de l’église d’Echiré. Réalisé à partir du plan de datation de l’Eglise Notre-Dame d’Echiré de Marie-Pierre Niguès, architecte du patrimoine, Niort.

Les vitraux du quadrilobe de la rosace présentent les quatre évangélistes. Ce tétramorphe (nommé aussi les « quatre vivants », ou encore les « quatre êtres vivants ») montre les quatre animaux ailés (l’homme pour Matthieu, le taureau pour Luc, le lion pour Marc et l’aigle pour Jean) tirant le char ailé de la vision d’Ezéchiel.

Source : Tétramorphe en vitrail du quadrilobe de la rosace de l’Eglise Notre-Dame d’Echiré. Collection Mairie d’Echiré.

Source : Retable de l’Eglise Notre-Dame d’Echiré. Collection Mairie d’Echiré.

Sur le retable du maître autel sont représentés les deux apôtres Pierre et Paul à gauche du tabernacle, ainsi que Abel et Melchisédech, deux grandes figures de l’Ancien Testament, à droite.

Le maître autel, les grilles de communion, les bancs, les stalles datent de 1879.

Les chapiteaux sous le clocher représentent :

Pour le pilier sud-ouest, un homme repoussant deux animaux (le mal ?), et, à côté, un arbre et deux animaux qui se dévorent les pattes (le remord ?) …

Source : Chapiteaux sous le clocher de l’église d’Echiré. Collection CBM.

Pour le pilier nord-ouest : un animal en paix sous les arbres (la vertu ?) et d’autres animaux plus ou moins fantastiques avec des ailes et des queues de serpents…

Source : Chapiteaux des piliers de l’église d’Echiré. Collection CBM.

En 1958, la commune accepte de participer aux frais d’installation des vitraux de l’église à la demande de la Marquise Du Dresnay. Situé dans le chœur, ce vitrail montre l’assomption de la Vierge Marie entourée de quatre médaillons : à gauche, l’annonciation faite à Marie par l’Archange Gabriel et sa dormition, à droite, la naissance de Jésus et sa présentation au Temple de Jérusalem.

Source : Fenêtre de l’Eglise Notre-Dame d’Echiré. Collection Mairie d’Echiré.

D’importants travaux de consolidation à la base du clocher ont eu lieu de 2011 à 2013 cofinancés par l’Etat et par la commune. Le dimanche 8 septembre 2013, l’Archevêque de Poitiers Monseigneur Wintzer a pu célébrer une messe dans une église de nouveau ouverte au public et rénovée.