Château De Mursay

Source : Château de Mursay en vue aérienne. Collection Mairie d’Echiré.

Son histoire

Source : Château de Mursay. Collection Les Amis du château de Mursay.

Situé sur la rive gauche de la Sèvre, en contrebas du chemin gaulois dit de Magné, proche d’un gué, l’ancien castel servait d’avant-poste au Coudray-Salbart. Il est transformé de 1596 à 1613 en château d’agrément. L’abbé Alphée Suire, curé de Siecq, présente avec beaucoup de précision l’historique de ce château dans son ouvrage « Le château de Mursay » :

Historiquement, la première personne à être qualifiée de Seigneur de Mursay fut sans doute Jacques 1er conseiller et chambellan de Charles VI. Avant le 8 août 1378, il avait épousé Catherine de Vivonne qui apporta sans doute la terre de Mursay à son époux. Un de leur descendants, Guy Poussard, chevalier et seigneur de Mursay et de Vandré, rendait hommage le 15 juin 1487 à Jehan Chastagnier, seigneur de Saint-Maxire pour son château-fort de Mursay.

A l’origine, la branche de la famille des Lusignan qui possédait Mursay se confondit avec celle des Aubigné par le mariage d’Agrippa avec Suzanne, fille de Renée de Vivonne et d’Ambroise de Lezay le 5 juin 1583. Il eut cinq enfants dont trois survécurent : Constant, père de Madame de Maintenon, Marie mariée à Caumont d’Adde et Arthémise ou Louise, mariée à Benjamin, seigneur de la Villette. Cette dernière reçut Mursay en dot.

Après une longue lignée de noblesse militaire, le château de Mursay échappa à la famille de Villette. Le 21 avril 1759, la seigneurie de Mursay fut vendue à Antoine Martin « négociant juge consul des marchands et échevins de la Ville de Niort et y demeurant rue Basse ». Après une longue bataille juridique, Antoine Martin en devint propriétaire effectif en 1776.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale durant laquelle le château servit de résidence à son propriétaire, un des descendants de la famille Martin, le château demeura en bon état. On célébra le 1er juin 1930, le tricentenaire de la mort d’Agrippa d’Aubigné à Niort, à Maillezais mais aussi à Mursay.

L’abandon du château de Mursay vint rapidement. En 1935, la Société Historique des Deux-Sèvres demanda le classement de l’édifice encore dans un état correct mais le 6 février 1952 c’est une ruine que l’on classe officiellement. En effet, entre-temps, l’inoccupation des murs, un incendie en 1939 dans la charpente, le vandalisme et le désintérêt de ce château ont précipité la dégradation de ce château.

Sa construction

Le château actuel a été construit à la fin du XVIe ou au commencement du XVIIe siècle vers 1600. Agrippa d’Aubigné améliora la structure du château et lui donna l’aspect d’une vraie forteresse agréable sans en avoir la sévérité.

La devise du château est « Difficile imo » (« Le commencement fut difficile ou il n’est pas facile de s’élever lorsque l’on est parti de peu »). Ces deux mots sont gravés sur le mur intérieur qui domine le premier palier de l’escalier d’honneur. L’origine de cette devise vient certainement de la nature même du sol sur lequel il est construit : un sol de faible consistance, naguère marécage formé par le limon séculaire déposé par les eaux débordées de la Sèvre. Le soubassement énorme construit par l’architecte devait résoudre cette difficulté avec l’aide de pilotis pour faire échec à la montée des eaux. Le château est donc édifié sur un îlot, sur une terrasse construite dans le lit de la Sèvre, et qui est délimitée par des échauguettes.

L’ouvrage Châteaux, manoirs et logis. Les Deux-Sèvres apporte des précisions sur son architecture :

La façade mesure trente mètres. Aux quatre tours, à l’ouest et à l’est, se trouvent de grands balcons. Les balcons du XVIIe siècle sur les façades sud et nord ont été rapportés après la construction.

L’entrée du nord faisait suite à l’ancien pont-levis dont les piliers existent encore en 1930. Le centre de la construction était tout entier occupé par l’escalier qui donnait accès à droite et à gauche aux appartements. L’escalier desservait les deux étages et montait jusqu’au faîtage qui, couronné par une charpente originale, dominait les deux ailes

La façade nord n’est pas sur un plan rectiligne, elle forme une sorte d’angle sortant à peine sensible. Le sommet de ce dernier est presqu’au-dessus de la portée d’entrée, ce qui semble pouvoir indiquer que le château a été construit en deux fois puisque les appartements de l’aile gauche n’étaient pas sur le même plan que ceux de l’aile droite.

[…]. A l’intérieur restent quelques vestiges de décoration : deux cheminées du XVe et du XVIIe siècles, trois cheminées Louis XVI. Les trumeaux des trois cheminées avaient été décorés dans le style Louis XVI et deux garde-feu en fonte étaient aux armes des Le Vallois. Il restait aussi quelques peintures au-dessus de portes et certains trumeaux étaient encore très visibles en 1930, en particulier dans l’appartement dit de Mme de Maintenon où l’on voyait des bergeries. Au sommet du petit salon étaient peintes les armes des Le Vallois Villette Mursay qui portaient « d’azur au chevron d’or accompagné de trois croissants d’argent au chef du même chargé de trois roses de gueule ». Ce blason était en outre surmonté d’une couronne de marquis qui avait été conférée à Philippe 1er Marquis de Villette et de Mursay.

Pour éviter son abandon, la Société Historique des Deux-Sèvres demande son classement à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Il fut obtenu en 1952. En 1999, l’association « Les amis du Château de Mursay » voit le jour et se bat pour sa sauvegarde. Le château est racheté en 2002 par la communauté d’agglomération du Niortais alors que la ville d’Échiré acquiert les bâtiments des communs et une partie de l’Allée du Roy.

L’allée du Roy 

Source : L’Allée du Roy du Château de Mursay. Collection Mairie d’Echiré.

Cette belle charmille qui longe la Sèvre sur plus de deux cents mètres marquait l’entrée d’honneur du château. Plantée de quatre-vingts tilleuls vieux d’un peu plus d’un siècle, l’allée était à la fin du XVIIe siècle et sans doute dès l’origine constituée de grands arbres d’essences diverses : ormes, acacias et marronniers des îles.

Elle porte le nom « d’Allée du Roy » en souvenir du passage que fit à Mursay, Henri, roi de Navarre. En 1576, le jeune roi, beau-frère du roi de France Henri III, fuit Paris. En route, il trouve refuge dans cette propriété de Vivonne, alliée des Huguenots. Il y retrouve sa sœur Catherine de Bourbon. Agrippa d’Aubigné, écuyer et compagnon d’Henri depuis 1574, fait partie de sa troupe. Il écrit « Henri passa à Mursay de ces jours qu’on n’oublie jamais … ».

Confondue souvent avec « l’Allée du Roi » de Saint-Cyr, rendue célèbre par le roman de Françoise Chandernagor, cette plus modeste et plus champêtre « Allée du Roy » reste, elle aussi, et pour la postérité, attachée au souvenir de Françoise d’Aubigné, petite-fille d’Agrippa et future marquise de Maintenon.

Madame de Maintenon (1635-1719)

Madame de Maintenon

Petite fille d’Agrippa d’Aubigné

Source : – Françoise d’Aubigné, Madame de Maintenon. Entourage de Pierre Mignard. Ecole Française. Huile sur toile. Vers 1680. Variante du portrait de Pierre Mignard conservé par le Domaine national de Chambord. Ce portrait a servi pour la gravure de Pierre Giffart accompagnée de devises faisant allusion à son statut à la cour de Versailles. Collection musées Bernard d’Agesci & du Donjon – Niort Agglo.

Petite fille d’Agrippa d’Aubigné, Madame de Maintenon est née à la conciergerie de la prison de Niort le 26 ou 27 novembre 1635. Son père, Constant d’Aubigné « baron de Surimeau », y était incarcéré depuis un an environ après avoir connu les geôles royales de Paris, La Rochelle, Angers, Bordeaux pour fabrication de fausse monnaie, dettes et assassinat de ses deux premières femmes. C’est à l’occasion de son séjour à la prison de Bordeaux qu’il rencontra Jeanne de Cardilhac, fille de son gardien dont il fit sa troisième épouse.

Sa tante Louise Artemise de Villette la prit sous son aile et l’emmena au château de Mursay où elle vécut huit ans.

Confiée au couvent des Ursulines, à Niort, par sa marraine Madame de Neuillant, puis à celui de la rue Saint-Jacques, à Paris, elle rencontre le chevalier de Méré, qui s’offre de l’instruire « convenablement ». En effet, Françoise d’Aubigné, issue d’une famille noble mais ruinée n’avait connue qu’une instruction limitée dispensée dans des couvents qui assuraient l’instruction des jeunes filles nobles. Mariée à l’âge de seize ans, sans le sou, au chanoine écrivain et humoriste Paul Scarron, qui lui inculque une grande culture, elle se tisse un solide réseau de relations (dont Madame de Montespan, alors dame d’honneur de la duchesse d’Orléans, belle-sœur du roi) dans le salon ouvert par son mari, très fréquenté par les écrivains et les beaux esprits de l’époque. Elle sera veuve et endettée neuf ans plus tard. C’est en 1669, sur la proposition de Madame d’Heudicourt, qu’elle accepte la charge de gouvernante des enfants illégitimes du roi et de madame de Montespan. Le 27 décembre 1674, elle achète le château et le titre de Maintenon. Dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, le roi de France et de Navarre l’épouse secrètement. Elle est alors âgée de quarante-huit ans.

Elle meurt le 15 avril 1719, quatre ans après le roi, à l’âge de 83 ans.